Tout est dans le titre et certains liens parlent d'IT.
Après mon point de vue sur la question est le suivant : polluons le plus possible jusqu'à ce qu'il ne soit plus tenable pour les pourritiques de faire autrement que de légiférer sur le sujet.
La transition écologique est une responsabilité politique et n'a jamais été une responsabilité individuelle. Les puissants de ce monde ne veulent pas restreindre leur niveau de vie, donc c'est aux prolos de polluer moins. Juste non.
Combien de députés et sénateurs font partie des 1% les plus riches déjà ? Ce n'était pas dans les 30% ?
L'écosystème propice à la vie meurt à cause de l'hyper-bourgeoisie qui ne veut pas changer.
Cette vidéo-documentaire du Sanglier Sympa "tombe à point nommé". Je recherchais des informations sur l'origine du mythe (car oui c'est un mythe) qu'est l'oppression systémique et ce youtubeur que je découvre m'offre justement cette histoire sur un plateau.
Si vous souhaitez comprendre en quoi la thèse de l'oppression systémique est dangereuse, en quoi les SJW usent et abusent de ce mythe pour obtenir un pouvoir considérable afin de soumettre, de dominer toute un pan de la société, regardez cette vidéo (52 minutes tout de même).
Je commence à me dire que ces personnes ont de graves problèmes mentaux ou une indéfectible envie de se sentir puissants et de taper sur les autres.
J'en parlais ici.
Une question au passage : Y en a-t-il beaucoup qui pensent que le phénomène ne touche pas la France ? Vous savez, un peu comme le nuage de Tchernobyl en fait...
Je résume pour les francophones :
- Les familles les plus riches engendrent la majeure partie du temps des enfants aux capacités moyennes (comme toutes les familles en fait #Statistique #LoiDePoisson).
- Ces familles usent de leur argent et de leur influence pour faire rentrer leurs enfants dans les meilleurs écoles.
- Bien-sûr les capacités de ces gosses ne leurs permettent pas de réussir les concours et les examens les plus ardus.
- Se créé alors et autour de ces écoles un business parallèle visant à constituer de faux dossiers (sportif, médical, autre) permettant à ces gosses de riches d'être admis.
- Ces enfants, une fois adultes, s’auto-proclameront : élite.
- while (true)
Petites précisions sur les montages :
- Création de faux résultats sportifs passés octroyant des bonus de points aux dossiers de candidatures afin d'être admis.
- Fausses déclarations médicales attestant de pathologies fictives octroyant plus de temps aux examens, voire l'accompagnement d'un adulte écrivant à la place du candidat (traitement réservé aux forts handicaps moteurs), parfois cet adulte répondra aux questions à la place du gosse de riche !
- Tout le monde est au courant de ce système, et chaque génération accentue ce phénomène au détriment d'adolescents vraiment travailleurs et talentueux.
Et après nous nous étonnerons de voir qu'en moyenne, la population est plus intelligente, cultivée, travailleuse et efficace que les politiques qui l'a gouverne... #GrosÉtonnement #Morano #Schiappa
Voilà. À quand un "Président à vie" pour la France ?
Bon c'est du Twitter, donc question source et analyse ça reste du gros caca mais je relais au cas où. Si quelqu'un à des sources, je prends.
Délits d’initiés sur le marché universitaire américain
Une fois de plus, les deux candidats à l’élection présidentielle américaine ainsi que leurs colistiers sont millionnaires en dollars. Le sénateur John Kerry est plus opulent encore que son collègue et fortuné colistier, M. John Edwards. M. George W. Bush, lui, est issu d’une riche famille de la nouvelle-Angleterre. Comme si cela ne suffisait pas, l’élection a opposé deux diplômés de la même université – par ailleurs membres de la même société « secrète ».
par Rick FantasiaDélits d’initiés sur le marché universitaire américain ↑
La nuit de l’élection présidentielle, le champagne aura coulé dans un bâtiment en pierre, « La Tombe », situé au cœur du campus de l’université de Yale, à New Haven, dans le Connecticut. Les réjouissances auront eu lieu quelle que soit l’identité du vainqueur, M. John Forbes Kerry ou M. George Walker Bush.
Ressemblant à un mausolée, « La Tombe » est le siège de la Skull and Bones Society (Association du crâne et des os). C’est le plus fermé des groupes initiatiques de Yale. Quinze étudiants de licence rejoignent chaque année cette société secrète, tremplin vers le pouvoir depuis qu’elle est née, il y a cent soixante-douze ans. Elle compte huit cents membres à vie, que des rites occultes et des incantations mystérieuses ont unis dans une loyauté éprouvée.
Non seulement M. George W. Bush est un « Bonesman », comme son père, l’ancien président George H. W. Bush, son oncle Jonathan Bush, les oncles de son père, John Walker et George Herbert Walker III, et son grand-père, Prescott Bush, mais l’actuel président des Etats-Unis a nommé au moins cinq membres de ce groupe à des postes dans son administration. Si le candidat républicain venait à perdre l’élection, un autre diplômé de Yale et membre de la Skull and Bones lui succéderait : M. John Kerry.
La Skull and Bones Society sert également de courroie de transmission vers la Cour suprême, la Central Intelligence Agency (CIA), les firmes d’avocats et les conseils d’administration les plus prestigieux du pays. Le réseau que constitue cette société offre un abondant matériau à qui voudrait élaborer une histoire tissée de complots et de manigances. Il est toutefois plus fructueux de partir de ces clubs et associations pour disséquer les mécanismes habituels de privilège de classe opérant au sein du système éducatif américain par le biais de clubs privés.
Car, tout comme Yale a sa Skull and Bones, Harvard a son Porcellian Club et Princeton University son Ivy Club. Avec les institutions moins connues qui s’y rattachent, les huit universités d’élite américaines formant la Ivy League composent un mécanisme de sélection sociale bien réglé qui a permis de reproduire les élites américaines en niant à la fois l’existence d’un système de classe et son influence sur le pouvoir.
Un clin d’œil et une poignée de main
Dans l’après-guerre, une dynamique de démocratisation de l’enseignement secondaire américain s’est enclenchée grâce au développement du système public d’enseignement supérieur et universitaire. Une population importante et diversifiée a eu accès à des études supérieures, ce qui n’a pas manqué d’induire des changements au niveau de l’élite et des institutions privées. Jusque-là, les universités de la Ivy League opéraient au service de la classe supérieure, accueillant presque uniquement les enfants des familles patriciennes, en général sur la base d’un « clin d’œil et d’une poignée de main » (autant dire en fonction du réseau de relations sociales). Une fois admis, ces fils de famille au « sang bleu » menaient une existence universitaire paisible dans un climat de vénération institutionnelle. Ils établissaient avec leurs pairs des liens solides appelés à durer toute leur vie, du Rotary Club aux conseils d’administration, en passant par les terrains de golf (c’est ce qu’on appelle encore le « old boy network », ou « réseau des garçons d’âge mûr »).
Au cours des décennies suivantes, sous la pression des nouvelles politiques gouvernementales d’aide aux étudiants désargentés, de prise en compte du mouvement des droits civiques des Noirs et des combats féministes, les institutions privées les plus huppées ont dû faire coexister ceux qui étaient socialement bien placés et ceux qui étaient scolairement bien préparés. Les universités de la Ivy League ont alors favorisé des critères d’admission plus méritocratiques qu’aristocratiques (résultats aux examens, carnet scolaire). Avec la multiplication des établissements publics de qualité, aux frais de scolarité peu élevés, l’apparition de boursiers sur les campus de la plupart des collèges et universités d’élite conforta l’idée d’un système d’enseignement supérieur ouvert à (presque) tous. Il suffisait de travailler dur.
Le système américain d’éducation supérieure continue cependant d’obéir à de puissants mécanismes de sélection sociale, même s’ils sont masqués par les fonds importants que les collèges et universités investissent dans leurs relations publiques, présentant à l’extérieur une image d’excellence éducative et de neutralité sociale. Les portes des institutions d’élite se sont ouvertes, mais le monde très fermé des clubs, des associations d’étudiants et des sociétés initiatiques joue encore un rôle social majeur au sein des établissements de la Ivy League. Il se charge de la sélection que les universités effectuaient ouvertement avant la « démocratisation » (1). Ces clubs reproduisent le monde social de l’élite comme une sorte de confit culturel, une conserve naturelle de l’exclusion de classe dans un système d’éducation en principe fondé sur le déni des stratifications sociales.
Les établissements de la Ivy League ont beau accueillir des étudiants issus d’un spectre de la population plus large que dans le passé, l’essentiel de leurs effectifs provient encore des élites sociales américaine et internationale. Elles encouragent par ailleurs la présence de clubs réservés à la classe supérieure, car ceux-ci leur procurent presque automatiquement un pool de donateurs potentiels au moment de leurs campagnes de levées de fonds.
L’enseignement supérieur américain est assuré par quelque deux mille institutions, dont la hiérarchie dépend de leur niveau de sélectivité et de prestige, de leur ancienneté – le lierre, ivy, met du temps à recouvrir la façade d’un bâtiment –, du volume de leur dotation financière et de l’origine sociale de leur corps étudiant. Au sommet se trouvent Harvard (fondée en 1636), Yale (1701) et Princeton (1746), les trois universités les plus sélectives et les plus réputées. Chacune se trouve à la tête d’un fonds de dotation équivalant au capital de firmes multinationales (avec 22 milliards de dollars, Harvard est l’université la plus riche de la planète, Yale et Princeton détiennent chacune environ la moitié de cette somme). Cinq autres universités privées de la Ivy League possèdent plusieurs milliards de dollars, tout comme une douzaine d’autres universités privées.
Plantureuses donations
Ce pactole est le fruit des relations étroites aussi bien qu’anciennes entre ces établissements et les familles américaines les plus cossues et distinguées, dont les plantureuses donations sont soigneusement cultivées par des « bureaux de développement » installés au cœur même des universités. Aux yeux des foules, les clubs privés peuvent passer pour autant de bastions des privilèges et de l’exclusion ; aux yeux des gestionnaires des collèges, ils sont surtout des fruits mûrs à récolter. Les legs des anciens élèves de la Ivy League se sont succédé au fil des générations, offrant aux étudiants actuels les avantages (équipements, professeurs) d’un héritage considérable : les dotations de Princeton, Harvard et Yale s’élèvent respectivement à 1 300 000 dollars, à 1 065 000 dollars et à 947 000 dollars par étudiant. La pratique consistant à faire des dons personnels à son alma mater commence à s’étendre aux établissements publics.
Exonérées d’impôts, les universités versent souvent aux municipalités une contribution volontaire qui leur permet de maintenir de bons rapports avec les élus du cru. Non contentes d’investir leur fonds de dotation sur les marchés financiers, plusieurs d’entre elles possèdent également un énorme parc immobilier. De vastes secteurs de Cambridge et de Boston, par exemple, appartiennent à Harvard. Yale détient un domaine immobilier très appréciable dans la région de New Haven. Quant à la Columbia University, son fonds de dotation de 5 milliards de dollars fait d’elle l’un des plus gros propriétaires fonciers de New York, ville où l’immobilier est l’un des plus chers du monde.
Derrière les établissements de la Ivy League viennent des dizaines d’université privées classées en fonction de leur sélectivité, de leur réputation, de leur ancienneté, de leur fonds de dotation et de l’origine sociale des étudiants. Tournées vers l’acquisition d’une « culture générale » (liberal arts) et la formation des étudiants à la réflexion « gratuite », ces institutions ont attiré les enfants des élites sociales, qui ne subissent pas de contrainte financière et parentale. Eux ne doivent pas acquérir des connaissances pratiques et faire leur entrée sur le marché du travail sitôt achevées leurs quatre années d’études et décrochée leur licence.
Un cran plus bas sur l’échelle sociale, on trouve les établissements publics financés par les Etats. Leur rayonnement n’atteint pas celui de leurs homologues privés, bien que les plus prestigieux d’entre eux (Berkeley, l’université du Michigan, etc.) compensent, grâce à leur réputation scientifique, ce qui leur manque sur le plan social (2). Pendant les décennies de l’après-guerre, leur assise financière fut confortée par la popularité de leurs équipes de football, laquelle leur assura un soutien populaire et la bienveillance des élus chargés de contrôler leur budget. Mais, plus récemment, les pressions conjuguées de la privatisation et de mesures fiscales régressives ont contraint certaines des plus grandes universités publiques à constituer leur propre fonds de dotation afin d’atténuer les coups de boutoir financiers.
Au-delà des quelque cent cinquante établissements, publics ou privés, qui combinent qualité de l’enseignement, niveau scientifique et réputation sociale, existent environ deux mille institutions d’enseignement supérieur. La moitié d’entre elles sont des centres universitaires publics de premier cycle qui assurent, en deux ans, un soutien scolaire et une formation professionnelle destinés à la fois à pallier les lacunes de l’enseignement secondaire et à former des ouvriers qualifiés. Ces établissements, les communauty colleges, ont toutefois conservé un semblant de fonction universitaire et ils permettent à des étudiants d’extraction populaire d’accéder à des universités afin d’y suivre un cycle de quatre ans. Même si elle est moins importante que dans le passé, c’est cette fonction d’antichambre, de « transfert », qui a contribué à donner à l’enseignement supérieur son vernis démocratique en drapant un système inéquitable du voile symbolique des promesses d’avenir, de l’« opportunité » offerte aux moins favorisés (3).
Le processus d’exclusion sociale opère à tous les niveaux d’un système rodé à habiller une sélection de classe sous couvert de performance universitaire. L’exemple le plus flagrant d’une telle distorsion est le traitement de faveur accordé aux « legs » (legacies) par la plupart des institutions d’élite. Ce terme désigne le traitement préférentiel en matière d’admission dont bénéficient les enfants et petits-enfants des alumni (anciens élèves). Pour les enfants de ceux qui contribuent généreusement au fonds de dotation de l’université, l’admission est presque acquise, à moins qu’il s’agisse d’un élève incapable de feindre la moindre aptitude scolaire (4).
Apparition des consultants
Les fils et les filles de privilégiés pouvaient considérer leur admission à l’une des universités d’élite à l’égal d’un droit hérité à leur naissance ; leur expérience universitaire leur servait avant tout à tisser des liens et à renforcer des réseaux entre personnes issues du même monde. Ces dernières années, le nombre de ceux qui entendent jouer dans la cour des grands et des puissants a augmenté. Certains possèdent les moyens financiers nécessaires, mais pas les réseaux. Les enfants des familles aisées ne possédant pas le pedigree social de l’élite se trouvent donc face à un problème. Comment éviter pour eux d’être exclus, à la fois du fait des mécanismes institués par les générations précédentes (grâce auxquels la classe supérieure maintenait sa cohésion sociale) et en raison d’exigences universitaires sévères que tout le monde n’est pas apte à satisfaire ?
Pour répondre, une industrie du conseil s’est mise en place ces dix dernières années, qui offre un vaste éventail de services aux enfants de parents aisés aspirant à un établissement de la Ivy League. Les consultants tirent profit de cet engorgement au sommet. Ils proposent des cours particuliers et des sessions de préparation aux examens d’entrée requis par les collèges et universités. Selon la directrice d’une agence de conseil, les tarifs pour une préparation de haut de gamme ont décuplé au cours de la dernière décennie. Sa société fournit différentes prestations dont les prix s’échelonnent entre 100 dollars (pour une simple évaluation des élèves) et 10 000 dollars pour le « programme d’admission garantie à l’Ivy League ». Une « promesse de remboursement » l’accompagne dans le cas où le candidat ne serait pas admis. Toutefois, les étudiants sont soigneusement filtrés avant de pouvoir acheter ce service…
Ce n’est pas la qualité de l’enseignement qui compte, au sommet de la pyramide sociale, mais les rapports sociaux qui se nouent et se consolident dans les collèges privés. D’autant plus prisés qu’ils sont exclusifs. Pour la classe supérieure, ces liens précèdent de beaucoup l’expérience universitaire. Ils ont été affermis dans des écoles primaires privées, lors des vacances d’été prises dans une poignée de localités côtières du Maine (pour M. Bush) et du Massachusetts (pour M. Kerry), et, surtout, dans un groupe d’écoles secondaires privées, très fermées, qu’on appelle les prep schools. Seize d’entre elles sont réputées pour leurs services rendus aux familles américaines les plus huppées (5). Situés dans un cadre champêtre, généralement en Nouvelle-Angleterre, ces pensionnats ont été conçus pour isoler leurs hôtes de la décadence morale et des habitudes malsaines imputées aux villes du Nord-Est où affluaient les immigrants au XIXe siècle. Comme leurs homologues britanniques, ils entendaient « fortifier la souche » de la classe supérieure en imposant un régime de lever à l’aube, de douches glacées, de règlements rigides et de travail scolaire acharné.
Ces conservatoires socio-culturels continuent de prospérer et de préparer leurs élèves à se mouvoir parmi l’élite en leur inculquant une certaine façon de voir les choses, d’agir et de parler, et en s’employant à ce qu’ils aient le maximum de chances d’être acceptés dans une université réputée. Pourvues de dotations plus importantes que celles dont disposent maintes universités privées, et exigeant des frais de scolarité de l’ordre de 25 000 à 30 000 dollars par an, ces écoles préparatoires ont les moyens de recruter une armada de conseillers qui prépareront des dossiers élaborés et négocieront directement au nom de leurs élèves avec les comités d’admission des universités.
Les critères d’admission, qui permettent un classement par notes (moyennes obtenues au cours des années de lycée ou résultats d’examens), confèrent une apparence scientifique à ce qui reste une sélection sociale. Car les examens continuent de favoriser les détenteurs d’un capital culturel, en partie hérité. Au demeurant, les établissements secondaires ayant noté les étudiants (en vue de leur admission à l’université) ont fait eux-mêmes l’objet d’une classification hiérarchique établie en fonction de la richesse du district géographique dans lequel ils se trouvent et selon qu’il s’agit de telle ou telle institution privée du secondaire (certaines sont connues pour servir d’incubatrices aux universités de la Ivy League) (6).
Le personnel chargé des admissions universitaires tend à favoriser le recrutement d’étudiants issus de l’élite. Les universités sont déjà prédisposées à examiner avec faveur le dossier des diplômés des prep schools ; souvent issus des établissements de la Ivy League, les conseillers savent persuader leurs interlocuteurs, dans le langage nuancé propre à la classe supérieure, du bien-fondé de l’admission de leurs élèves. Les écoles publiques ne peuvent pas faire le poids : du fait des contraintes budgétaires qu’elles subissent, le rapport moyen entre étudiants et conseillers y est de 401 à 1 (7). Pourtant, les propagandistes de la « méritocratie » sont souvent sincères. Ayant eux-mêmes réussi dans le système, ils ont vocation à en répandre les mythes fondateurs.
Comme son père, le président George W. Bush a fréquenté la Phillips Academy, à Andover (Massachusetts), et John Kerry la St Paul’s School, à Concord (New Hampshire). Ces deux écoles possèdent chacune un fonds de dotation de 300 millions de dollars et font partie des établissements privés du secondaire les plus réputés. Ici, ce n’est pas seulement le fait que les hommes (et les femmes) de pouvoir sont produits socialement dans une strate très étroite de la société ou que le système éducatif fonctionne selon un principe répondant au grand mot imprononçable de « classe » qui compte. La manière dont se déroule la vie de l’élite sociale éclaire la contradiction fondamentale nichée au cœur de la société américaine : une telle existence aristocratique viole ouvertement l’idéologie du marché qui domine la pensée des deux grands partis et celle des élites sociales.
Se soucier en permanence de son avantage particulier peut se comprendre dans une société qui ne garantit rien à personne. « Donner à mon enfant tous les avantages » : la pratique est encastrée dans celle qui fait déjà pencher la balance sociale dans le sens des bénéficiaires de la plupart des avantages. Car les 10 % d’Américains situés au sommet de l’échelle, qui détiennent environ 72 % de la richesse aux Etats-Unis, ont vu leurs revenus annuels augmenter en moyenne de 90 % entre 1970 et 2000, alors que ceux des autres stagnaient.
Bien qu’elles ressassent le discours de la concurrence, du mérite et de l’économie libérale, les élites sociales ne ménagent ainsi ni leurs efforts ni leur argent pour mettre leurs enfants à l’abri dans des lieux privés, loin de la violence qui a cours ailleurs, et loin du risque de voir leur progéniture se lier à des élèves étrangers à leur milieu, susceptibles de les influencer et de rivaliser avec eux.
Ce monde de relations en champ clos, où l’on vit entouré à chaque étape de son existence par de hautes murailles institutionnelles, protégé par des listes de membres, des critères d’admission à la tête du client et des strates successives de rites et de pratiques d’exclusion, génère un intense phénomène de classe dans une société qui s’imagine en être dépourvue. En observant que ces institutions d’élite, qui attirent les membres d’une élite, les recrutent à vie (élèves du primaire triés sur le volet, prep schools, universités de la Ivy League, enclaves privées à l’intérieur de ces universités telle la Skull and Bones, clubs réservés aux hommes ou aux femmes), comment ne pas être frappé par quelque chose de paradoxal : un système à vie, élaboré, d’associations collectives et de « protections sociales » représentant, mais au sein de l’élite et pour son seul profit, une forme de socialisme « du berceau jusqu’à la tombe »...
Rick Fantasia
Professeur de sociologie au Smith College de Northampton, Massachusetts. Auteur (avec Kim Voss) de l’essai Des syndicats domestiqués : répression patronale et résistance syndicale aux Etats-Unis, Raisons d’agir, Paris, 2003.
(1) L’ouverture des universités les plus prestigieuses à des catégories d’étudiants qui en étaient auparavant exclus, comme les femmes et les Noirs, ne signifie pas que ces institutions aient beaucoup recruté dans les rangs des pauvres ou de la classe ouvrière. Une étude récente portant sur les 146 universités les plus compétitives indique que seuls 3 % des étudiants admis viennent de familles économiquement et socialement modestes (voir Peter Sacks, « Class Rules : the Fiction of Egalitarian Education », The Chronicle of Higher Education, 25 juillet 2003). Henry Louis Gates Jr, président du département d’études africaines et afro-américaines de Harvard, estime que « les enfants noirs qui entrent à Harvard ou à Yale viennent des classes moyennes. Personne d’autre n’y est admis ».
(2) La richesse et le renom des universités de la Ivy League sont convertibles en capital ou en ressources scientifiques, puisque ces établissements parviennent plus facilement à attirer les meilleurs professeurs et chercheurs en leur offrant des bourses de recherche plus importantes.
(3) Voir Steven Brint et Jerome Karabel, The Diverted Dream : Community Colleges and the Promise of Educational Opportunity in America, 1900-1985, Oxford University Press, New York, 1989.
(4) Cf. Jacques Steinberg, « Of Sheepskins and Greenbacks : College-Entrance Preferences for the Well Connected Draw Fire », The New York Times, 13 février 2003.
(5) Voir Caroline H. Persell et Peter P. Cookson, « Pensionnats d’élite : ethnographie d’une transmission de pouvoir », in Actes de la recherche en sciences sociales, Paris, n° 138, juin 2001, p. 56-65 ; et Preparing for Power : America’s elite boarding schools, Basic Books, New York, 1985.
(6) Aux Etats-Unis, les écoles sont largement financées par les impôts fonciers, si bien que le financement des écoles est fonction du niveau d’éducation et de richesse des contribuables de la localité (et de l’Etat). L’Etat fédéral (Washington) ne verse qu’environ 10 % des fonds alloués à l’enseignement primaire et secondaire.
(7) Chiffres tirés de The State of College Admission, 2003-2004, publié par la National Association for College Admission Counseling, Alexandria, Virginie, février 2004, p. 4-6.
Une conférence d'un thésard de l'université Nancy II sur vous et votre vie privée. Date un peu mais est toujours d'actualité